Le duc et la duchesse du Maine

Louis Auguste de Bourbon, duc du Maine, duc d'Aumale, prince souverain des Dombes, comte d’Eu, né à Saint-Germain-en-Laye le 31 mars 1670 et mort à Sceaux le 14 mai 1736, est un fils légitimé (1673) du roi Louis XIV de France et de la marquise de Montespan. Il est colonel général des Suisses et des Grisons (1674-1736), chevalier du Saint Esprit (1686-1736) et grand maître de l’artillerie (1694-1736). Il cherche durant toute la vie de son père à s’imposer face aux ambitions du duc d’Orléans. En 1714, il est reconnu apte à succéder, à défaut de princes légitimes, à Louis XIV. Mais, à la mort de ce dernier, en 1715, Philippe d’Orléans fait casser le testament et devint régent. Ainsi, il écarte Louis Auguste de Bourbon du pouvoir. 

Anne Louise Bénédicte de Bourbon-Condé, Mademoiselle d’Enghien, puis Mademoiselle de Charolais, et enfin duchesse du Maine, née à Paris le 8 novembre 1676, morte à Paris le 23 janvier 1753 est la petite-fille du Grand Condé, la fille du prince de Condé, premier prince du sang, et de la princesse Palatine Anne de Bavière (1648-1723).

Louis Auguste de Bourbon et Anne Louise Bénédicte de Bourbon-Condé se marient à Versailles, le 19 mars 1692.

En 1700, les héritiers du marquis de Seignelay vendent le château de Sceaux au duc et à la duchesse. Le duc ne joue qu’un rôle effacé à Sceaux. C’est son épouse qui va donner au domaine tout son éclat.

A Sceaux

Fêtes et divertissements au château de Sceaux

Fuyant la morosité du Versailles déclinant, la petite duchesse du Maine, princesse du sang, petite-fille du Grand Condé, souhaite réunir autour d’elle une cour princière qu’elle peut régenter à sa guise. Elle parvient à attirer des poètes, des littérateurs de nos jours bien oubliés mais aussi des écrivains plus illustres comme Voltaire qui vient à Sceaux à plusieurs reprises. Fêtes, divertissements, jeux d’esprit se succèdent jusqu’à devenir, en 1714 et 1715, de Grandes Fêtes de Nuits. 

Elle crée, en 1703, l'ordre de la Mouche à Miel et sa devise est : « Je suis petite certes mais je fais de cruelles blessures ». Cette société s'occupe de ses fêtes et de ses amusements.

La duchesse fait construire une salle de théâtre au premier étage du château et demande à l’ornemaniste Claude III Audran et au sculpteur Poultier de lui aménager, dans sa chartreuse, au deuxième étage du pavillon sud, un cabinet et une galerie dédiés à la poésie, aux arts et aux sciences.

Elle montre toute sa fantaisie en faisant redessiner pour ses deux fils les jardins du Petit Château, bâtiment qui leur est réservé : fontaines de rocailles et de coquillages, jeu d’arbalète, volière et bassin orné d’un automate animé par la force hydraulique, décoraient les jardins.

Vers 1720, l’architecte Jacques de La Guêpière édifie dans le jardin de la Ménagerie, un élégant pavillon où toutes les pièces étaient rondes (aujourd’hui détruit).

La Manufacture de Faïence

La Duchesse du Maine transforme la fabrique de poterie de Sceaux en fabrique de céramique qui connut la prospérité durant le XVIIIe siècle, et fait construire, en 1735, un bâtiment en forme de fer à cheval qui abrite la manufacture et dont il reste aujourd’hui l’aile nord.

Conspiration de Cellamare, exil et retour

Le 29 décembre 1718, le Duc est arrêté à Sceaux. En effet, la Duchesse cherche à jouer un rôle politique sous la Régence, pour venger l’affront fait à son mari par le Régent qui avait fait casser le testament de Louis XIV. C’est elle qui engage son mari à entrer dans la conspiration de Cellamare en 1718, en vue de faire attribuer la régence au roi d’Espagne. Lorsque le complot est éventé, ils sont arrêtés. Lui est incarcéré à la forteresse de Doullens, elle est arrêtée à Paris où elle s’était réfugiée et emprisonnée à Dijon. Elle peut retourner à Sceaux l’année suivante, le 12 janvier 1720, et ne s'y occupe plus que d’y tenir sa cour. Le duc, libéré également en 1720, se tient ensuite à l’écart de la vie politique, pardonne à sa femme et se retire dans sa propriété de Sceaux, vivant parmi ses livres. 

Mort du Duc et de la Duchesse

A la mort de la duchesse du Maine en 1753, le château passe à ses fils, d'abord au prince de Dombes puis, au décès de celui-ci en 1755, au comte d'Eu. En 1775, à la mort du comte d'Eu, son cousin le duc de Penthièvre récupère l'héritage. En 1791, il donne le domaine à sa fille, la duchesse d'Orléans. Le duc de Penthièvre meurt le 4 mars 1793. Ses biens sont confisqués dès avril 1793 comme biens nationaux.

 

Pour en savoir davantage, notamment :

P. DESLANDRES, "Un Prince inconnu, le duc du Maine (1670-1736)", in Bulletin des Amis de Sceaux, 1930, p. 57-69.

A. PANTHIER, "L’Appartement de la duchesse du Maine à Sceaux", in Bulletin des Amis de Sceaux, 1930, p. 70-85.

R. de BROGLIE, "Le Duc du Maine, sa jeunesse, son éducation", in Bulletin des Amis de Sceaux, 1936, p.45-63.

R. VIOLLIER, "J.J. Mouret, intendant de la musique du Duc du Maine 1682-1738" (causerie faite pour le bicentenaire de Mouret, à Sceaux, le 30 mars 1938), in Bulletin des Amis de Sceaux, 1938, p.68-81.

R. POMEAU, "Voltaire et Sceaux" (conférence donnée le 4 mars 1989 lors de l'assemblée générale), in Bulletin des Amis de Sceaux, 1989, p.27-33

R. LEMAITRE, "La Duchesse du Maine vue par Alexandre Dumas à travers le Chevalier d'Harmental", in Bulletin des Amis de Sceaux, 2004, p.1-27