Lycée Marie-Curie
Origine du terrain
Marie-Jacques de Bure, libraire et conseiller municipal, beau-père d'Augustin Cauchy le mathématicien, possède après 1816 la propriété Trudon (pavillon de l’administration du lycée actuel dite maison Cauchy). Cauchy en héritera à la mort de son beau-père en 1847. Les descendants de Cauchy, la famille de l’Escalopier conserveront la propriété jusqu’en 1907.
La propriété (immeuble et dépendances) est acquise par la famille Legendre. En 1929, Mlle Legendre met en vente la propriété qui est rachetée immédiatement par la Ville de Paris qui souhaitait en faire un asile de vieillards. La municipalité de Sceaux n’ayant pas été informée de la vente souhaite le retour de la propriété dans le patrimoine de la ville.
La ville de Paris autorise la cession à la ville de Sceaux par délibération du conseil municipal de Paris le 30 décembre 1929 de l’immeuble sis 46 et 48 rue Voltaire moyennent le pris de 730 000 francs et le remboursement de tous les frais engagés par la ville de Paris pour l’acquisition dudit immeuble.
Le conseil général de la Seine vote une subvention pour la ville de Sceaux afin de l’aider à acquérir le terrain.
Le 8 juillet 1930, le conseil municipal de Sceaux vote le principe d’acquisition de la propriété Legendre et décide de faire apport à l’Etat net de toute charge, des terrains et des immeubles sis n°54 rue voltaire en vue de le l‘édification d’un lycée de jeunes filles. L’Association des parents d'élèves de Lakanal a été à l’initiative de la démarche.
L’administration du ministère, venue visiter le lieu, est très satisfaite de la visite. Le ministre de l'instruction publique donne son accord de principe et accepte le terrain pour l’Etat le 5 août 1930. Contrairement à l'accoutumée, l'Etat ne demande que l’apport du terrain et prend à sa charge les frais de construction et d’entretien. Ces conditions avantageuses sont obtenues grâce au sénateur Mourrié.
Le 24 novembre 1930, le conseil municipal émet le vœu que l’entrée soit face à la mairie et que des bourses soient allouées aux jeunes filles de la commune. Il sollicite des subvention au Conseil général de la Seine, un secours préfectoral ainsi que la déclaration d'utilité publique.
Pour le conseil municipal, la construction du lycée va entraîner l’obligation d’assainissement par l’Etat et le département de tout le quartier sans participation financière en compensation du sacrifice imposé par l’apport du terrain.
Le 27 décembre 1930, l'arrêté préfectoral autorise l’emprunt nécessaire à l’acquisition et le 10 janvier 1931 le préfet déclare l’utilité publique de la construction et autorise le maire de Sceaux au nom de la commune à acquérir l’immeuble. Le 1er avril 1931 , le Conseil général alloue une subvention pour l’acquisition du terrain. Le 31 mai, l'acte est signé en les ville de Paris et Sceaux puis la municipalité représentée par son maire Charles Leblanc cède le terrain au ministère. Le 3 décembre 1931 les formalités sont achevées.
Construction du lycée
En 1932, l’Etat confie la construction du lycée à l’architecte Emile Brunet et les travaux débutent immédiatement.
Emile Brunet (1872-1952), élève d’Anatole de Baudot le restaurateur du Mont Saint-Michel et architecte de Lakanal construit entre 1882 et 1885, est formé à l’école de Viollet-le-Duc.
La structure du bâtiment est en béton. L’élément essentiel de la décoration provient de la variété des tons (ocre, sable, beige) et des matériaux de construction (brique, verre, ferronnerie). Emile Brunet va s’entourer d’artistes prestigieux :
- le sculpteur Albert-Louis Chartier pour le bas-relief “Les Sciences et les Lettres”situé sur le fronton au dessus de l’entrée principale
- le maître ferronnier Raymond Subes pour les rampes d’escalier exécutées en fer et cuivre, ainsi que le chef d’œuvre que représente sa grande porte d’entrée
- le peintre verrier Labouret pour les vitraux des escaliers et les mosaïques que l’on retrouve, chaque fois originales et différentes, dans les réfectoires, sur les murs, et au sol ainsi que la porte d’entrée monumentale et luxueuse, en dalles de verre, représentant les matières étudiées.
- les peintres Robert Lotiron et Gérard Cochet pour les décorations murales des classes du jardin d’enfants (recouvertes de peinture blanche aujourd’hui).
La première rentrée a lieu le vendredi 9 octobre 1936. Le lycée accueille 496 élèves dont 22 au jardin d’enfants. La directrice Suzanne Forfer appelée par le ministère du lycée Longchamp de Marseille, dirigera le lycée jusqu'en 1954.
Il est inauguré le 19 juin 1937 en présence de Jean Zay ministre de l’éducation nationale.
Entre septembre 1940 et août 1944, il sera réquisitionné militairement par l’Etat-Major de la Luftwaffe chargédes aérodromes de Villacoublay et Toussus-le-Noble. Le lycée voit ses terrasses recouvertes de batteries anti-aériennes, ses salles de classe transformées en dortoirs, son sous-sol cloisonné en bunkers. Les élèves seront transférées au lycée Lakanal, entre 1940 et 1944 occupé en partie seulement par l’armée allemande.
Aujourd'hui
Construit pour accueillir 1200 élèves dont la plupart viennent du Cours Florian qui ferme en 1936, il en accueille jusqu'à 2800 en 1962. Aujourd'hui les élèves sont près de 1800.
En 2000, le bâtiment est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, ce qui en fait une œuvre protégée et régie par des règles strictes.
Une petite anecdote sur le choix du nom du lycée
Lorsqu’il ouvre ses portes, l'établissement n'a pas de nom officiel et le conseil municipal souhaite le choisir. Le nom Florian est proposé, outre le rôle du fabuliste dans l'histoire locale, son nom s'inscrivait dans la continuité du cours secondaire qui venait de fermer ses portes..
C’est Edouard Depreux, pas encore maire mais déjà conseiller municipal, qui propose en hommage le nom de Marie Curie, scéenne décédée deux ans plus tôt. Le conseiller municipal Choquet préfère quant à lui, le nom de Pierre à celui de Marie, son collègue Cornille lui rétorque qu'il est illogique de donner un nom d'homme à un lycée de jeunes filles. Le Conseil municipale vote et adopte alors le voeu que le lycée soit appelé Florian.
Finalement c’est le recteur d’académie qui tranchera en faveur de Marie Curie.
En 1882, le conseil municipal faisait déjà le vœu de nommer le futur lycée de garçon Florian mais l’Etat lui préféra le nom de Lakanal.
Ce n’est qu'en 1979 que Sceaux aura en fin son lycée Florian lorsque le lycée d’enseignement professionnel (pourtant déjà établi depuis les années 1960) prendra le nom du célèbre fabuliste local.
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