MALLET-STEVENS Robert
Né dans une famille de collectionneurs, il est un neveu de Suzanne Stevens, l'épouse du financier belge Adolphe Stoclet qui fit construire à Bruxelles le célèbre palais qui porte son nom. L'homogénéité avant-gardiste de ce bâtiment aura probablement exercé une forte influence sur les choix esthétiques ultérieurs de Robert Mallet-Stevens. Il se forme à l'Ecole spéciale d'architecture à Paris (1906-1910). Intéressé au premier chef par la collaboration entre les différentes formes d'art, il s'oriente d'abord, et pour une vingtaine d'années, vers la création de meubles et de décors de cinéma. En 1924, il rénove le fameux Hôtel des Roches Noires à Trouville-sur-mer, un lieu fréquenté plus tard par Marguerite Duras. Ce n'est que sur le tard qu'il devint constructeur, presque exclusivement pour des clients privés, son unique commande publique ayant été la réalisation d'une caserne de pompiers à Paris. Il n'en est pas moins considéré aujourd'hui comme l'une des figures majeures de l'architecture française de l'entre-deux-guerres, en tant que l'un des principaux représentants du Mouvement moderne. Il fut l'un des fondateurs en 1929, et le premier président, de l'Union des Artistes modernes (UAM), réunissant des artistes décorateurs et architectes avant-gardistes. Il fut par ailleurs dans les années 1930 directeur de l'Ecole des Beaux-Arts de Lille. Pendant l'occupation, il se réfugia avec sa famille en Zone libre (à Penne-d'Agenais, dans le Lot-et-Garonne) pour protéger sa femme qui était juive. L'apport de Mallet-Stevens n'a été pleinement apprécié que longtemps après sa mort. Aussi beaucoup de ses réalisations ont été laissées à l'abandon (exemple la villa Cavrois), remaniées voire démolies (comme la concession Alfa Romeo à Paris). Ce n'est que dans les années 1980 que son œuvre a commencé à être reconnue comme une sorte d'optimum des années 1930 entre recherche esthétique et exigence de fonctionnalité. Cette redécouverte, marquée notamment par une rétrospective au Centre Pompidou en 2005, a entraîné la réhabilitation de plusieurs bâtiments.
A Sceaux
Robbert Mallet-Stevens édifie en 1932 une maison dite « Villa Trapenard », du nom de son propriétaire, Jacques Trapenard, avocat et violoncelliste C’est une des premières maisons du lotissement du Parc de Sceaux usant avec une grande sobriété des techniques du béton armé : rez-de-chaussée partiellement grand ouvert, corps du bâtiment sur pilotis, baies horizontales ouvrant sur la façade, porte à faux de l'escalier extérieur conduisant à la terrasse. Résolument moderne avec son solarium sur le toit, elle comble les desseins de son propriétaire tout en reprenant des éléments de modénature chers à l’architecte. Elle se situe au 5 avenue Le Nôtre. Récemment remise en état, elle est inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Pour en savoir davantage, notamment :
J. RAMBAUD, C. BUNOT-KLEIN, M. HENRY, "Maisons d'architectes à Sceaux : Guimard, Mallet-Stevens, Lurçat", in Bulletin des Amis de Sceaux, 1991, p.3-15.